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Documents n° 11

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SITE NATIONAL HISTORIQUE

DE LA RESISTANCE





Pour ne pas oublier

Chronologie sommaire

Le Site National Historique de la Résistance en Vercors

Le Mémorial du Vercors et les Lieux de Mémoire

Renseignements pratiques




Pour ne pas oublier

6 juin 1944, les Alliés prennent d'assaut les plages de Normandie et percent le mur de l'Atlantique.
Dans le Vercors, où sont établis plusieurs camps de maquisards, le débarquement est le signal de la mobilisation contre l'occupant allemand. Les résistants, de plus en plus nombreux, rêvent maintenant de lutte ouverte.

-> Refuge et refus

A partir de 1940 le Vercors, situé en zone libre, est un lieu de refuge en particulier pour les victimes des mesures de discriminations politiques ou raciales du gouvernement de Vichy.
Avec l'occupation de la zone sud en novembre 1942, la montagne du Vercors devient également site de résistance pour ceux qui refusent l'idée d'une France soumise. Les réfractaires au STO, le Service de Travail Obligatoire qui envoie les jeunes Français travailler en Allemagne, viennent grossir les rangs des maquis.
Le Vercors, visible de très loin, depuis les portes de Lyon, ressemble à une forteresse naturelle de soixante kilomètres de long sur trente de large. Les résistants s'y sentent à l'abri de la répression qui sévit dans la région.

-> Le "Plan Montagnards"

Mais il manque un plan, une stratégie, à ces maquisards et à ces réfractaires qui savent le combat inéluctable.
En fait ce plan existe depuis mars 41. il a jailli dans l'esprit de deux hommes fascinés par les falaises gigantesques du Vercors. Pierre Dalloz et son ami l'écrivain Jean Prévost ont l'idée de transformer le massif en "Cheval de Troie pour commandos aéroportés".
Cette idée prend corps en janvier 1943 : le Vercors interviendrait au moment d'un débarquement allié attendu en Provence et les troupes aéroportées iraient immédiatement porter le combat sur les arrières de l'ennemi. Le projet, accepté par Jean Moulin et le Général Delestraint, devient le "Plan Montagnards". Il est approuvé par le Général de Gaulle et les Alliés à Londres comme à Alger.
Ce Plan est mis en oeuvre par Alain Le Ray puis par François Huet,chefs militaires du Vercors en liaison avec Eugène Chavant, chef civil du Maquis.

-> Les camps

Dés 1943, la Résistance s'organise dans le massif.
Au coeur de forêts, une douzaine de camps existent.
Début 1944, ils rassemblent 400 à 500 civils et militaires, souvent très jeunes, ravitaillés par une population généralement favorable, approvisionnés en armes et en médicaments par les parachutages alliés.


Résistant

-> Le combat

Le 6 juin 1944, l'excitation est à son comble en France et dans le Vercors, l'ordre de Londres est le signal de l'action générale. Les entrées du massif sont verrouillés. On ne laisse "monter" que les volontaires qui affluent. Ils sont 4 000, début juillet, et ils proclament la République, faisant flotter le drapeau tricolore sur un territoire déclaré "libre".
Ce massif en armes est un défi à l'ennemi. A Grenoble, le général allemand Karl Pflaum décide d'en finir. Après quelques offensives destinées à mesurer la résistance effective du maquis, notamment à Saint Nizier les 13 et 15 juin 1944 et aux Ecouges le 21 juin 1944, il lance le 21 juillet 15 000 hommes de troupe à l'assaut du Vercors. L'attaque est générale, par les routes, par les "pas", ces cols escarpés que l'on ne franchit qu'à pied, et par les airs puisque sur Vassieux se posent les planeurs à croix noires de la Waffen SS là où auraient dû atterrir les alliés. Après une semaine d'un combat acharné mais inégal, le Vercors est à genoux. Plus de 600 résistants et une centaine d'Allemands sont tués.
Quant à la population, exposée à la sauvagerie des assaillants, elle paie un lourd tribut : 201 personnes meurent dans des conditions souvent atroces, 41 autres sont déportées, 573 maisons sont détruites.



Chronologie sommaire

1939


1940


1941


1943


1944




Le Site National Historique de la Résistance en Vercors :

1- la Nécropole de Saint-Nizier de Moucherotte .
C'est ici, devant l'un des plus beaux panoramas des Alpes, à l'aplomb de Grenoble, que 250 maquisards ont tenu tête aux assauts allemands pendant la journée du 13 juin 1944. Certes ils furent débordés le 15 juin lorsque l'ennemi revint avec plus d'un millier d'hommes, mais leur résistance héroïque dirigée notamment par l'écrivain Jean Prévost("Capitaine Goderville"), le général Costa de Beauregard, le capitaine Brissac et les lieutenants Chabal et Bouchier-Veyrat constitue l'une des plus belles pages de gloire de la Résistance française.
Les tombes de Jean Prévost, mort en août 1944, et de nombreux héros du Vercors dont celle d'Eugène Chavant, chef civil du maquis, sont réunies dans ce cimetière national qui occupe l'emplacement exact où les maquisards ont exercé la plus vive résistance à l'ennemi les 13 et 15 juin 1944.

Départementale 106 depuis Grenoble.

2- les ruines de Valchevrières
Ce village en pleine forêt servit de camp aux maquisards avant d'être le lieu d'un sévère affrontement les 22 et 23 juillet 1944. Sur le belvédère qui domine le village le lieutenant Chabal et ses hommes se sacrifièrent pour retarder l'avance allemande et moururent les armes à la main. Les maisons furent ensuite incendiées. Aujourd'hui, ce site est l'un des plus émouvants du Vercors. Il conclut un chemin de croix édifié depuis Villard de Lans. Le village ruiné est resté en l'état, avec ses poutres calcinées, ses pierres à nu et noircies. Seule la petite chapelle est encore debout.

3- Le village piège de Malleval
Situé sur le flanc nord-ouest du Vercors, dans un cirque de falaises et de forêts, le village de Malleval abrita un maquis important. De Reyniès et l'abbé Pierre furent parmi les fondateurs de ce camp, avant que les Chasseurs alpins du lieutenant Eysseric ne l'organisent militairement.
Le 29 janvier 1944, les Allemands prennent au piège les maquisards dont 22 périssent dans le combat. Le village est incendié, huit habitants sont jetés dans le brasier d'une grange. Sept autres ne reviendront jamais de déportation. Un monument imposant, un gisant, rend hommage à ses victimes.

4- Le village martyr de Vassieux
Lieu de répression sauvage, lieu de destruction systématique, à l'image d'Oradour-sur-Glane, le village de Vassieux est un endroit sacré de France. 73 morts sur 430 habitants.
91 tués chez les résistants.
Ce village a été fait Compagnon de la Libération aux côtés de Paris, Nantes, Grenoble et l'île de Sein. Voici sa citation : "Village inscrit au martyrologue de la Résistance française, a écrit une des pages les plus glorieuses dans la lutte contre l'ennemi. Par le sacrifice de ses fils et l'abnégation de toute sa population, a pris place parmi les Hauts Lieux de France. "
Un monument situé dans l'ancien cimetière fait mémoire des souffrances de la population.

5- Le plateau investi de Vassieux en Vercors
Au centre de la cuvette de Vassieux, un cimetière et une salle du souvenir honorent les victimes des événements tragiques de juillet 1944. C'est dans ce site du Vercors drômois, sur un vaste plateau, que se sont posés les planeurs à croix noires le 21 juillet 1944. Les maquisards, croyant d'abord à l'arrivée des Alliés, comme promis, sont surpris et la plupart tués sur place. Les commandos aéroportés allemands se réfugient dans le village. Soutenus les jours suivants par d'autres troupes venues du ciel, ils ne seront pas délogés et sèmeront la terreur.

6- le piège du Pas de l'Aiguille
Juillet 1944, la bataille fait rage sur les nombreux cols escarpés qui ceinturent le Vercors. Le 22, au Pas de l'Aiguille, 23 maquisards sont coincés dans une grotte prise sous le feu ennemi. Ils résistent pendant plus de 30 heures aux assauts. En pleine nuit, ils tentent une sortie et réussissent à s'échapper en dévalant la pente. Hélas, 8 de leurs camarades sont morts, là-haut, 3 d'entre eux, grièvement blessés, choisissent de mettre fin à leurs jours à l'intérieur de la grotte.

7- la grotte tragique de la Luire
Le 27 juillet 1944, les Allemands pénètrent sous le vaste porche de la grotte de la Luire. Là s'est replié l'hôpital militaire de Saint-Martin. Les Allemands massacrent 12 blessés dans un champ près de la grotte et 7 autres un peu plus loin. 7 infirmières sont déportées. 2 médecins et un prêtre, le théologien Yves de Montcheuil, sont fusillés à Grenoble.

8- la Cour des Fusillés de la Chapelle en Vercors
Le 25 juillet 1944, les soldats allemands arrivent à La Chapelle-en-Vercors, ils rassemblent la population et prennent 16 jeunes gens en otage. Le soir même, alors que le village est incendié, ces garçons sont exécutés dans la cour d'une ferme.
A l'intérieur de la grange restaurée qui jouxte la cour, un espace muséographique rend hommage à ces martyrs.



Le Mémorial du Vercors

Elément particulier du Site National de la Résistance, le Mémorial du Vercors au Col de la Chau est une réalisation destinée à faire mémoire des événements tragiques du Vercors.

A l'écart de toute construction et situé en bordure de falaise sur la commune de Vassieux en Vercors, le site choisi offre une vue sur l'ensemble du massif du Vercors et sur le champ de bataille.

A proximité immédiate de la forêt domaniale de Lente, il est pleinement significatif du refuge forestier rappelant l'engagement individuel et la clandestinité des Résistants.

Une architecture intégrée :

La conception architecturale du Mémorial a été confiée au Cabinet Grenoblois "Groupe 6" qui a eu l'originalité d'enchasser la construction dans la roche et la montagne, laissant libre et intact le creux d'une combe.

L'ouvrage offre d'importants volumes constituant une série de salles articulées par de courts vestibules.

Les chemins de la liberté

Le Mémorial n'est pas un musée d'objets. La muséographie, conçue par Jean-Pierre Laurent, aboutissement d'une longue enquête de terrain, a recours à la mise en scène, à l'image et au son.

Il s'agit moins d'un exposé des faits que d'un soucis d'analyse et d'expression des comportements humains engagés dans ces années sombres, le but étant de souligner la valeur universelle du témoignage du Vercors. Cette trame dramatique mène peu à peu le visiteur vers la lumière éclairant la plaine de Vassieux, symbole de liberté.

"Moment d'émotion, de découverte, de confrontation entre un paysage et son histoire."



Affiche

Les Lieux de Mémoire


Il n'est pas une commune, pas une forêt, pas une clairière, pas une montagne du Vercors qui n'ait été le théâtre de combats ou d'actes de Résistance.

Nombreux sont ceux aujourd'hui ces lieux de mémoire où sont tombés des hommes et des femmes, où ont vécu en clandestinité des groupes des résistants, où se sont produits des parachutages...

Vous ne pouvez traverser le massif sans rencontrer une croix, une stèle, un monument, une plaque rappelant ces sacrifices.

Afin de rendre plus sensibles et plus visibles ces évocations du passé, afin également de manifester leur appartenance à un même parcours du souvenir, un symbole unique a été retenu.

Sur chacun de ces lieux, un if a été planté. A son pied, un petit paralépipède de bronze, de trente centimètre de long porte pour signature :

Site national historique
de la résistance en Vercors


Cette signalétique homogène est intégrée au paysage. Elle permet d'emblée au passant de comprendre qu'ici a soufflé l'esprit de la Résistance.



Le Mémorial du Vercors

-Renseignements pratiques-




François BOCQUET - Novembre 95